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Charte architecturale et paysagère

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Saint-Médard-en-Jalles est une ville périphérique de la métropole bordelaise. Son modèle de développement des dernières décennies, majoritairement par extension, questionne. Ici, plusieurs caractéristiques incarnent les enjeux auxquels le ménagement du territoire doit nécessairement répondre : étalement urbain par lotissements successifs, réduction de l’emprise forestière et agricole, hausse des prix de l’immobilier, dépendance à la mobilité individuelle…

Conscient·e·s que ce modèle de développement n’est plus soutenable, élu.e.s et technicien.ne.s souhaitent interroger les perspectives de la commune, en s’appuyant sur ses indéniables qualités : proximité de la forêt, qualité de la vie, dynamisme associatif et social, offre de service complète…

Et qui de mieux placé.e pour raconter les qualités et les enjeux que ceux et celles qui vivent Saint-Médard-en-Jalles au quotidien ?

Tout terrain mène alors un « urbanisme de terrain » : deux semaines d’immersion dans les différents quartiers de la commune pour aller à la rencontre d’habitant.e.s, d’usager.e.s, d’association.s, de professionnel.le.s… pour collecter avis, ressentis et expériences, grâce à différents outils d’échanges : des micro trottoirs, des balades commentés, des entretiens avec des personnes ressources.

A. nous a raconté les difficultés de se loger à Saint-Médard-en-Jalles lorsqu’on est un jeune foyer : les prix sont trop élevés, les offres trop rares.

J. nous a exposé son souci d’une biodiversité riche, à préserver, et du plaisir des balades dans la forêt qui débute au bout de sa rue.

H. nous a partagé l’histoire de son quartier : ouvrier et agricole, il vivait grâce à la proximité de la Jalle, où les lavandières étaient nombreuses à travailler l’eau et le linge.

Cette Jalle qui a aussi permis l’implantation de la « poudrerie » nous raconte L. Poudrerie aujourd’hui devenue un vaste site industriel, occupant un tiers du territoire de la commune et véhiculant bien des mystères.

 Et bien d’autres histoires. Qui sont toutes, tant dans leurs singularités que dans leurs capacités à être partagées, révélatrices des particularités de chaque lieu. La charte architecturale et paysagère veut les révéler, pour proposer des perspectives justes, adaptées et non génériques.

Trois axes d’actions se dessinent plus spécifiquement : préserver le vivant, construire en préservant le déjà-là, œuvrer à une ville solidaire. La charte se décline en plusieurs carnets qui s’adressent autant au particulier souhaitant modifier sa maison existante, au foyer qui vient s’installer et construire, au promoteur qui souhaite réaliser une opération de logements.

Illustration : Magda Meziane

Cette expérience est fondatrice pour tout terrain, dans la définition d’une posture : celle de l’enquête et du terrain. Où le temps passé à la rencontre, l’écoute et le débat permet de formuler un imaginaire collectif soutenable.

« Il ne s’agit pas (…) de travailler sur le territoire dont il est lui-même habitant mais que, dans chaque situation d’observation dans laquelle il s’engage, il développe des modalités pratiques qui vont dans le sens d’une sorte de devenir habitant ».

Cyrille Marlin, Ce qu’observer veut dire.