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Margueritte et Clément

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Les nouvelles ruralités

Convaincus que l'architecture, l'urbanisme et le paysage ne sont pas réservés aux spécialistes, mais bien des sujets d'intérêt général qui concernent tout un chacun, nous avons à cœur de proposer des méthodologies de projet qui favorisent l'implication citoyenne, le partage des réflexions et l'appropriation du travail par toutes et tous : tant du côté de la maîtrise d'ouvrage que de celui des habitant·e·s.

C'est par ces coopérations fructueuses entre acteurs publics et privés et à travers les synergies qu'elles peuvent générer, que nous concevons ces "Nouvelles Ruralités" capables de dépasser les réalités du projet.

La situation de Fresnes-en-Woëvre

Chef de canton de la plus petite communauté de commune de France, Fresnes-en-Woëvre est une commune d'environ 700 habitant·e·s. C'est un village rural, dont la population est plutôt vieillissante, malgré quelques arrivées récentes. Le village a beaucoup souffert de la guerre, qui l'a presque entièrement détruit. Les marques sont bien présentes et constituent d'ailleurs le moteur principal de l'attrait touristique de la région, de par la grande proximité à Verdun notamment. L'offre touristique porte aussi sur les côtes de Meuse, qui proposent des paysages emblématiques, aux nombreux vergers. Il ressort des échanges avec les citoyens que c'est une commune "qui a tout ce qu'il faut", malgré le fait que ces services et commerces soient dispercés aux quatre coins de la commune. 

Considéré comme un village dortoir, l'offre de travail y est faible. L'usage de la voiture y est donc prépondérant, au détriment des mobilités douces, et le paysage y est très minéral. La végétalisation existe, non pas dans l'espace public, mais dans les espaces privés : les jardins, cachés par le front bâti, sont riches et importants, bien que peu visibles. Une dynamique associative est à l'œuvre et des équipements communaux, comme la salle des fêtes ou la salle de la marie, sont mis à leur disposition. Malgré tout, la commune semble manquer de lieux de rencontre, conviviaux informels, qu'ils soient intérieurs ou extérieurs. La Vida Locale, une épicerie locale et solidaire qui propose un espace bistrot, joue ce rôle depuis sa création, mais pour combien de temps encore ? Quant à l'offre de logements, la commune en possède une part importante, qu'elle loue. La demande est importante à certaines périodes, en particulier pour du petit logement à destination des saisonniers, des stagiaires, ...

La Place Margueritte

A l'image de Fresnes-en-Woëvre, la place Margueritte est minérale et ne comporte aucun arbre, aucune plantation. La statue du Général Margueritte trône en son centre, elle appartient à la commune voisine de Manheulles. C'est un souvenir de guerre symbolique. Le reste est un espace dédié à la voiture, qui y circule de manière sauvage sur l'ensemble de la surface de la place, ce qui la rend dangereuse pour les piétons. La mobilité douce n'y a pas sa place, la voie piétonne réservée est située de l'autre côté du Longeau. Ce cours d'eau la longe, et représente un réel atout à valoriser : sa végétalisation permettrait de  structurer la place et de l'ouvrir sur le paysage afin d'engager la désimpérméabilisation du sol.

Celle-ci pourrait s’accompagner de la mise en place d'éléments de mobilier afin de délimiter l'espace circulé, en délimitant un axe et des emplacements pour le stationnement. Le retrait de la voiture laisserait alors de la place aux piétons, aux mobilités douces et permettrait le développement de nouveaux usages. Enfin, l'enjeu principal consiste à valoriser l'existant, à imaginer une intervention minimale et des procédés économes afin de rendre possible la transformation de l'espace dans une enveloppe financière maîtrisée. 

L'Hôtel Clément

Très fréquenté, avait bonne réputation. On y mangeait, on y dansait. Beaucoup de Fresnois et Fresnoises y ont travaillé. Depuis sa fermeture, suite au décès de Madame Clément, le bâti s'est, peu à peu, dégradé. Il est aujourd'hui perçu comme "une verrue" par certains habitants de la commune. Bien que son état entraîne des travaux de rénovation, l'hôtel Clément est, lui aussi vu comme une opportunité au renouveau et à la naissance d'une dynamique citoyenne. Il s’agirait de mettre en place un lieu convivial ouvert à tous et rassembleur pour la commune : un lieu de rencontre. Il mutualiserait des ressources et agrégerait plusieurs initiatives, sous une forme de gestion collective.  Il pourrait être apparenté à un tiers-lieu, où plusieurs programmations seraient partagées en un même lieu, pour favoriser le croisement des publics et générer une économie locale et conviviale. 

Celui-ci ferait alors l’objet d’un aménagement graduel et phasé dans le temps, à la manière des démarches transitoires rendues possibles par les "permanences architecturales" par exemple. La mise en place progressive des activités et les retours des usagers permettent de tester petit à petit la programmation, avant d'engager la phase de travaux pérennes. La coopération entre des acteurs publics et privés avec l'aide des partenaires financiers permettrait de phaser l'investissement. 

La mise en récit du projet

Afin de répondre à cet enjeu de démocratisation du projet urbain, Tout terrain a proposé la mise en récit comme outil de projet partagé. La résidence d'architecture et de paysage "Nouvelles Ruralités" a donc été le pretexte idéal à l'expérimentation de l'intégration du récit fictionnel : le conte tout le long de la démarche de réflexion sur le centre-bourg de Fresnes-en-Woëvre. Grâce à la compagnie Les Miroisques, nous avons donné vie à nos sujets d'étude : la place Margueritte et l'hôtel Clément. Personnifiés, dotés de personnalités, d'une histoire, Margueritte et Clément peuvent se réconcilier. 

Mais d'abord, qui sont-ils ? Qui les connait ? Qu'elle est leur histoire ? Puis, qui a des idées ? Qui connait quelqu'un qui souhaite s'y investir, y faire quelque chose ? Et enfin, que faut-il faire ? Comment peut-on procéder concrètement ? Le fruit de notre résidence d'architecture et de paysage "Nouvelles Ruralités" à Fresnes-en-Woëvre se performe et se lit. Il prend la forme d'un conte de restitution, joué par Aurélie Bernheim et Sébastien Houbre, accompagnés des élèves de CM2 de la classe de Patricia Ravelli.